« Je t’aime. » Ces mots, je les avais entendu à plusieurs reprises mais, jamais de la bouche de Drake. J’aurais pu être surprise mais au contraire, cela m’exaspérait bien plus qu’autre chose. J’étais à la fois furieuse qu’il vienne gâcher le plus beau jour de ma vie et en même temps complètement déstabilisée par ce que je venais d’entendre. Faisant les quatre cent pas dans ma loge, vêtue de ma robe de mariée depuis quelques minutes et enfin prête à franchir le pas, je ne savais plus que faire. « Tu… Tu ne peux pas dire une chose pareille Drake. Dégage ! » C’est tout ce que je réussis à répondre à cet instant même. J’aurais pu lui faire comprendre les choses autrement en lui expliquant tout simplement que mon choix était fait, que je ne pouvais plus retourner en arrière or, j’aimais Daniel d’une autre façon, c’est quelque chose que je n’arrivais à lui expliquer. Il me prit le bras pour que je lui fasse face, pour que j’arrête de bouger dans tous les sens et je dois dire que cela fonctionna puisque je me retrouvais à quelques centimètres de lui immobile. Mes jambes ne m’obéissaient plus, je ne pouvais plus échapper à son regard et je me concentrais sur ma respiration pour me calmer. « Et pourquoi ? Je t’ai toujours aimé Lullaby, tu serais tellement plus heureuse avec moi. Tu aurais tout ce que tu veux, je serais toujours là pour toi, on pourrait vraiment être heureux tous les deux. » C’est vrai que Daniel allait quitter Australie pour réaliser son rêve or, il m’avait promis de venir me voir dès qu’il le pouvait. J’avais confiance en lui, je l’aimais sinon, je ne serais pas dans une église à l’heure qu’il est et, je n’avais pas le droit de lui faire cela. J’hochais la tête négativement, contrairement parfaitement ce qu’il était en train de faire et reculais lentement jusqu’à faire face au miroir qui avait été apporté pour l’occasion. « Tais-toi ! Je vais me marier ! Je vais me marier avec ton frère… Et je l’aime. Je suis folle de lui. Tu ne peux pas tout gâcher… Je suis désolée. » A cet instant, je sentais les larmes me montaient aux yeux et c’est pour cela que je préférais quitter la salle après l’avoir contourné, le laissant seul face à lui-même. Je savais que les deux frères ne pouvaient se supporter, ça avait toujours été comme ça. Dans le fond, ils n’arrivaient à se passer l’un de l’autre mais, leur haine était encore plus forte. J’étais arrivée dans la vie de Daniel, une chose que Drake avait eue du mal à accepter puisqu’il pensait que son jumeau allait l’abandonner, le remplacer par une femme. Ensuite, Drake et moi nous étions rapprochés, cela n’aurait jamais dû arriver mais pourtant, je me sentais bien à ces côtés, il avait une chose qui me manquait au côté de Daniel et vice-versa. Je n’avais pas le droit de ressentir un tel sentiment pour le frère de l’homme que j’allais épouser. Je n’avais pas le droit de leur faire ça et, suite à la demande en mariage, j’avais coupé tout contact avec Drake jusqu’à ce fameux jour. Ce jour où il ne cessa de me laisser des regards noirs, ce jour où je tournais la page pour écrire une nouvelle histoire. Oui, j’étais devenue madame Collins et j’allais vivre heureuse au côté de l’homme que j’aimais le plus au monde.

« Lâche moi tout de suite ! Laisse moi ! Rends le moi ! Tout est ta faute ! Je te déteste, je t’ai toujours détesté ! T’avais pas le droit…. Il peut pas me laisser... » Tapant de toutes mes forces contre le torse de Drake pour qu’il cesse de tenir mes avant-bras de façon à m’emprisonner, à me tirer vers lui pour que j’arrête de vouloir retourner sur mes pas, je criais dans la rue comme une folle après m’être fait virer de la morgue. J’essaye de taper de plus en plus fort mais malheureusement, c’était impossible pour moi, j’étais bien trop fatiguée, bien trop faible pour faire du mal à une mouche. Quelques secondes plus tôt, j’étais en train de vider toutes les larmes que je pouvais produire sur le corps inactif de Daniel. Je lui criais dessus pour qu’il daigne se réveiller, serrant sa main, aussi fort que je le pouvais pour qu’il bouge rien que d’un seul millimètre. La directrice avait eu la bonne idée d’appeler son frère suite à l’identification que l’on m’avait fait suivre. Depuis que je leur avais donné ma réponse, je ne cessais de de lui supplier pour qu’il se réveille, de l’engueuler en lui reprochant tout un tas de choses pour qu’il percute. J’étais dans un état second, incontrôlable. On m’avait gentiment demandé de quitter la salle mais, j’avais refusé en criant que c’était mon mari et que je ne pouvais l’abandonner. On m’avait menacé d’appeler la sécurité mais rien à faire, j’étais décidée à rester jusqu’à ce que Drake vienne me chercher ou, me porte jusqu’à ce que je sois dehors alors que je protestais à ma façon. A cet instant, j’ai vraiment cru que j’allais le tuer, je me défoulais sur lui, essayant de retourner d’où je venais mais rien à faire, il ne me lâcha pas et parla d’un ton calme en me regardant dans les yeux : « Lullaby ! Calme toi ! » Ils ne s’appréciaient peut-être pas mais, je pouvais tout de même lire de la tristesse et de la compassion dans son regard et c’est bien pour cela que, tout en tapant de moins en moins fort, je demandais plus calmement en pleurant : « Laisse moi y retourner pitié. Je l’aime. Putain mais pourquoi ? Pourquoi j’étais pas là ? Pourquoi je l’ai laissé partir ? Je peux pas vivre sans lui… J’ai besoin de lui ! » Détournant le regard, je finis par baisser la tête tout en me reprochant de ne pas avoir été présente lors de sa mort. Je savais parfaitement que je ne pouvais pas me rendre là-bas avec lui, ce n’était pas ma place. Il avait mis sa vie en jeu pour son métier, pour son pays et on lui avait tout pris. Une simple balle dans la poitrine et c’était fini. J’avais fini par abandonner, impuissante face à Drake. Il s’empara de mon visage, libérant donc mes pauvres petits poignets et, plongeant son regard dans le mien, il déclara d’un ton sûr et froid : « Regarde-moi ! C’était son choix. » Je savais qu’il avait décidé d’être militaire, d’être sur le terrain et que quand il avait quelque chose en tête, on avait très peu de mal à l’en dissuader mais, j’aurais dû essayer et ça, je ne manquais pas de lui rappeler au lieu d’essayer une nouvelle fois de le rejoindre. « Mais j’aurais dû le retenir… Je le pouvais… » Fronçant les sourcils, je m’attendais à ce qu’il me parle calmement comme il le faisait depuis le début or, Drake était bien plus malin que cela et, voyant que j’étais tout à coup plus… Moi-même, il lança en haussant la voix, toujours froid comme s’il ne ressentait rien, comme s’il n’avait pas de cœur : « Tu n’y pouvais rien ! Absolument rien tu m’entends ? Tu ne peux pas le ramener, personne ne le peut c’est trop tard, il est parti. Il ne reviendra jamais. » C’était dur à entendre mais, c’était la réalité. Il essayait de me ramener sur terre, il ne me laissait pas espérer des choses qu’il était incapable de me promettre. J’aurais sûrement dû lui en vouloir or, au lieu de cela, je tombais dans les bras, toujours les larmes aux yeux. « T’es vraiment trop con ! » Daniel me manquait et les jours qui suivaient fur de plus en plus dur. Son absence était atroce, je m’attendais à l’attendre frapper à la porte un beau matin, je le confondais souvent avec Drake mais, ce dernier se débrouillait toujours pour mettre fin à mes illusions. Il savait que j’étais assez forte pour encaisser la vérité, il était là pour moi, Alex et ma tante l’étaient également et donc, il ne cessait de me répéter que je n’étais pas en faute mais c’était trop tard et que Daniel ne reviendrait jamais. Il me demandait de tourner la page, de continuer à vivre puisque c’est ce qu’il aurait souhaité et d’être heureuse.