Un long soupire s’extirpa des lèvres de la jeune blondinette. Elle répondit rapidement au sms qu’elle venait de recevoir avant de balancer son téléphone à l’autre bout de son lit. Il y a encore quelque temps, elle ne se serait pas sentie aussi mal de devoir recevoir Anna pour discuter du planning du mois qui arrivait. Avant, elle n’était pas seulement la vice-présidente de la confrérie, elle était aussi une excellente amie. Une fille avec qui elle partageait beaucoup de choses et aujourd’hui, elles n’étaient que deux ennemies combattant pour un même poste. Elle avait eu le malheur de s’énerver contre elle et bien vite tout lui était retomber dessus, comme souvent en ce moment. Elle avait cette fichue réputations, ces fichus rumeurs qui la suivait partout où elle allait. Elle en était en partie responsable, elle avait cru pouvoir faire la maline après que son ex se soit littéralement fichu de sa gueule et finalement, elle n’avait fait qu’envenimer les choses. Aux yeux de tous, elle n’était désormais qu’une putain. Nombreuses étaient les filles de la confrérie qui avaient du mal à la considérer encore comme la présidente de la confrérie, la plupart des filles pensaient qu’Anna serait mieux à sa place. Ça avait quelque chose d’agaçant évidemment, toutes ces filles avaient voté pour elle à une époque et voilà que maintenant, elles espéraient la voir disparaitre. Elle ne se laisserait pas faire, c’était un fait. Il fallait absolument qu’elle assure en tant que présidente, même si elle savait déjà que ça n’allait pas être facile, elles allaient forcément lui mettre des bâtons dans les roues. Elle soupira encore une fois avant de se redresser sur son lit. Elle était présidente, c’était elle qui avait le contrôle de la confrérie et ça, elle ne pouvait pas laisser les autres filles en douter. Ce soir, elle verrait Anna et elle se concentrerait sur le planning du mois prochain, choisir les dates des soirées et des autres évènements à prévoir. Ce n’était pas la peine d’essayer de lui expliquer la situation, elle commençait à se faire à l’idée que personne n’avait envie d’écouter ce qu’elle avait à dire, comme si ça les amusait plus qu’autre chose de savoir qu’elle était désormais la putain de toute la fac. Aucun doute là-dessous, sa propre réputation avait du sauver l’honneur de certaines d’entres-elles alors celles là devaient en être plutôt satisfaite. Elle quitta son lit. Il lui restait du temps avant ce soir, suffisamment pour aller se détendre un peu. Elle attrapa son sac et ses clefs de voiture avant de quitter la maison sans faire attention aux habituels regards qu’elle savait posés sur elle. Une fois dehors elle entra dans sa voiture et démarra pour se rendre jusqu’au bar de son frère. Elle aurait pu choisir de boire jusqu’à en perdre la raison, ça aurait au moins eu le mérite de la déstresser, mais elle aurait sans aucun doute perdu toute sa crédibilité. Non, elle voulait juste voir son frangin, le seul être au monde qui pouvait lui redonner confiance en elle en une fraction de seconde. Elle avait toujours pu compter sur lui, même s’il s’était souvent amusé à l’embêter, ce qu’il faisait toujours d’ailleurs, mais il ne l’avait jamais laissé tomber et elle savait que lui au moins, il savait que les rumeurs qui se propageaient sur elle était complètement fausses. Il avait été dans cette même université lui aussi, il savait pertinemment que les rumeurs courent vite et ont tendance à coller à la peau alors il était capable de la croire quand elle lui disait que c’était complètement faux tout comme il serait capable de frapper le premier qui aurait le malheur de prendre cette dite réputation au pied de la lettre. Il l’avait toujours protégée, depuis qu’ils étaient gamins et surtout depuis que leur mère était morte alors ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait la laisser tomber. Arrivée au bar elle s’installa au comptoir et rapidement il vint vers elle, le sourire aux lèvres. « Manzana ? » Il la connaissait par cœur, en tout cas, suffisamment pour savoir ce qu’elle prenait à chaque fois qu’elle venait dans un bar. « Ouaip, juste une, je dois garder l’esprit clair pour ce soir. » Il lui sourit avant de lui remplir un verre qu’elle fixa le regard vide, l’esprit ailleurs, en train d’appréhender cette fameuse soirée. « Réunion au sommet des Alpha Chi ? » Elle acquiesça lentement avant de de soupirer. Vivement que cette réunion soit passée. Elle sortit de son sac le classeur qui renfermait le calendrier des alpha chi. « Toute la programmation du mois prochain à faire. » Elle attrapa son verre pour en boire une gorgée tout en fixant le dit calendrier. « Bonne chance. » Elle lui adressa un sourire en le voyant s’éloigner vers un autre client avant de se concentrer de nouveau sur le dit calendrier encore vierge. Le mois de novembre ne comportait pas de date exceptionnelle pour faire des fêtes, au pire elles pouvaient toujours organiser quelque chose pour la commémoration du 11 novembre, mais elle n’était pas sûre que beaucoup d’étudiants soient motivés par l’idée d’une minutes de silence et d’un cours d’histoire supplémentaire sur la première guerre mondiale, enfin ça aurait au moins pu prouver que les filles des alpha chi n’étaient pas juste bonnes à organiser des soirées. Bref, peut-être qu’elle en parlerait rapidement avec Anna ce soir. Elle soupira, depuis des années, les gammas organisaient une soirée le premier vendredi du moins, donc ils le prendraient encore cette année. Elle attrapa un crayon dans son sac pour barrer cette date là. Le mieux pour organiser une soirée c’était le milieu du mois, soit la deuxième, soit la troisième semaine, avec un peu de chance, elles arriveraient à avoir l’un des deux week-end de ses semaines là. Elle entoura les dates concernées avant de finir son verre.

Finalement, quelques heures et quelques cafés plus tard, elle avait réussi à faire des traits et des cercles sur beaucoup de cases du calendrier, les dates qui lui semblaient les plus logiques pour les fête et pour les évènements, elles devaient également prévoir quelque chose pour gagner un peu d’argent, l’année venait de commencer et elles avaient logiquement encore assez d’argent pour finir l’année, la caisse était encore quasiment pleine, mais les frais des fête, du loyer, de la nourriture et compagnie, ça revenait vite cher et il fallait penser à ne jamais être à court de moyen. Enfin bref, il y avait beaucoup de chose à prévoir ce soir. Elle regarda sa montre. Bientôt dix-huit heure. Il fallait qu’elle file. Elle ramassa ses affaires, avant de payer ses consommations, oui, être la sœur cadette du gérant du bar ne permet malheureusement pas de faire des économie. Elle salua son frère qui lui fit comprendre qu’il la soutenait de tout son cœur pour ce soir, puis elle rentra à la confrérie. Elle profita de son avance pour prendre une bonne douche et se changer puis elle attendit patiemment dans sa chambre essayant de rester concentrer uniquement sur le calendrier. Elle sursauta quand elle entendis frapper à sa porte. Elle jeta un coup d’œil au réveil, au mois, Anna était du genre ponctuelle, une vraie qualité. Elle laissa échapper un énième soupire comme pour se motiver avant d’aller ouvrir la porte à sa camarade, un sourire accueillant sur les lèvres. L’amabilité n’était pas le fort d’Anna en revanche. Tant pis, pas la peine de s’attarder là-dessus. Elle fit de son mieux pour garder son sourire intact. « Il faut qu’on planifie le mois de novembre, qu’on cherche les dates qui nous arrange pour les soirées et compagnie. On a une réunion avec les autres confréries à la fin de la semaine pour poser les dates définitives. C’est samedi à quatorze heure, si jamais tu es disponibles … » Elle haussa légèrement les épaules, la présence des vice-présidents à cette réunion n’était pas obligatoire, mais c’était mieux, ça permettait de pouvoir râler à deux quand il y a dispute pour une date. Elle sortit le calendrier sur lequel elle avait commencé à travailler avant de faire signe à Anna qu’elle pouvait s’assoir sur le lit si elle le désirait. Elle jeta encore un rapide coup d’œil à son réveil qui affichait l’heure. C’était partit, maintenant, elle n’avait plus qu’à espérer que ça se termine rapidement.